SUD AREA


SUD HORIZON N°20 – Automne 2011

Automne 2011 : le monde est toujours dominé par les marchés financiers.

Le Directeur Général nous a expliqué lors de la réunion du Comité d’Entreprise de juin que l’amélioration du chiffre d’affaires d’un réseau autoroutier était mathématique et mécanique.
Par contre, il ne lui viendrait pas à l’idée que les salaires suivent la progression de la productivité. Comme ailleurs, il n’est pas prévu que la part des salaires augmente dans la valeur ajoutée (bien au contraire). Comme dans toutes les entreprises, l’actionnaire se régale et les salarié-e-s se serrent la ceinture. Dans un monde dominé par les marchés financiers, le partage de la richesse produite ne peut être qu’inégalitaire, ce que Solidaires est la première organisation syndicale à dénoncer.

 

 

 

 

 

 

 

 

Journée d’action et soins palliatifs

L’intersyndicale nationale a décidé d’une journée d’action interprofessionnelle en réponse au plan de rigueur, sauf qu’elle n’a pas réussi à s’accorder sur les modalités et les mots d’ordre. Il faut croire que certaines organisations syndicales (CFDT et UNSA en tête) conçoivent le 11 octobre comme la journée mondiale des soins palliatifs. Bref, même si les indigné-e-s manifestent jusqu’à Wall Street, c’est pas encore gagné, ici, pour le changement politique et économique.

Travailler c’est trop dur…

On croit que travailler apporte rémunération et vie sociale, mais c’est aussi s’exposer à des risques pouvant entraîner maladies professionnelles et accidents du travail. Bizarrement, c’est au moment où il est demandé aux entreprises de s’y intéresser, qu’on découvre des cas de tentatives de camouflage d’accidents du travail à l’AREA. C’est que pour atteindre les objectifs de baisse d’accidents, il est plus facile (dans une logique à court terme) de taire les faits que de mener une politique de prévention. On remarquera que plus AREA communique sur la sécurité et le service aux clients, moins on s’en rend compte sur le terrain.
Pénibilité, accidents du travail et maladies professionnelles, autant de thèmes qui concernent la santé au travail, sujet de ce nouveau numéro de SUD HORIZON.

Bonne lecture ! Et prenez soin de vous !

Pénibilité : on en parle et puis après ?

La pénibilité fait partie des thèmes à la mode, mais des dires aux actions il y a un gouffre que ne sauraient franchir les entreprises, car la facture de sa prise en compte est limitée au maximum… En effet, on ne peut pas dire que le gouvernement impose de réelles obligations aux entreprises. Avec la contre-réforme des retraites, la pénibilité a été réduite au handicap physique dûment constaté au moment du départ en retraite et n’est donc reconnue qu’à titre individuel. Bien sûr, il y a des facteurs de pénibilité (voir encart) et une fois le diagnostic établi, les entreprises doivent établir des mesures de prévention dans un accord ou plan d’action. Pour autant, elles ne sont tenues à aucun résultat. Il leur est simplement demandé de présenter, une fois l’an au CHSCT, des indicateurs qui mesurent la réalisation des objectifs. Et si les objectifs ne sont pas atteints ? Ben, on fera mieux l’année prochaine. Pour l’heure, le sujet est en discussion au niveau de la branche et sera négocié dans la foulée et dans l’urgence dans les sociétés d’autoroutes, afin d’éviter une pénalité.
Les métiers pénibles n’étant pas reconnus en tant que tels, les sociétés d’autoroutes verraient bien malgré tout l’Etat prendre en charge le plan social du péage s’engager sur le prolongement de la CATS. Compte tenu de la politique d’allon-gement des années de cotisation et du fait que les caisses sont vides (sauf pour renflouer les banques), c’est pas gagné.
La pénibilité se caractérise globalement par une sorte d’usure du ou de la salarié-e du fait des conditions particulières de travail. La loi, portant sur la contre-réforme des retraites, la réduit à trois types de « facteurs de risques professionnels » désormais définis dans le Code du Travail (Art. L 4121-3-1) : des contraintes physiques marquées (manutentions manuelles de charges ; postures pénibles ; vibrations mécaniques) ; un environnement agressif (agents chimiques dangereux ; activités exercées en milieu hyperbare ; températures extrêmes) ; certains rythmes de travail (travail de nuit ; travail en équipe successives alternantes ; travail répétitif).

Santé au travail

Le terme « stress » tend à être remplacé par une dénomination de spécialistes, « risques psycho sociaux », bien souvent raccourcie en RPS. Ça obscurcit le concept, mais ça sonne technique et mesurable. D’ailleurs, l’accord 79 ne traite pas d’autre chose que des indicateurs de mesures des risques psycho sociaux. On est dans une logique rationnelle représentative d’une idéologie de l’homme machine rouage de l’entreprise. S’il est question de former les managers à la gestion du stress de leurs équipes, il n’y a par contre aucune remise en cause des objectifs et des méthodes de l’entreprise. Or, c’est bien là que se situe l’origine du mal être et des souffrances au travail. Car quand on demande du chiffre (comme le titrait récemment le Canard Enchaîné « Les sociétés d’autoroutes dégraissent pour s’engraisser »), la qualité ne peut pas suivre et les conditions de travail ne peuvent que se dégrader. Quand une situation de stress est vécue de manière habituelle dans son poste, c’est qu’il y a un dysfonctionnement dans l’organisation du travail. Plus de stress entraîne une augmentation des troubles (physiques et psychologiques) et des maladies comme des accidents. La manœuvre managériale va consister à noyer les effets nocifs des méthodes appliquées dans des considérations d’ordre personnelles et individuelles.
Que signifie le terme « risques psycho sociaux » ? Le risque est défini par le Petit Robert comme « un danger éventuel, plus ou moins prévisible ». Si c’est éventuel, ce n’est pas certain. Si c’est plus ou moins prévisible, c’est qu’il y a une part d’aléas. Parler de risque revient à dédouaner l’entreprise d’une part de ses responsabilités et d’engager celle des salarié-e-s : « tous producteurs de sécurité » n’est-ce pas ? Sauf qu’il s’agit d’une manipulation de discours. Les risques psycho sociaux sont des risques encourus par les salarié-e-s (conséquences psycho-) dus à la stratégie de l’entreprise (cause socio-) qui n’a qu’un seul objectif : gagner toujours plus en productivité. Ainsi, derrière ce terme obscur, se cache en fait la désorganisation du travail, car la rationalisation, qui n’est autre que la production de profit à partir de stratégies calculées, se fait au détriment du sens du travail (et des mots).

Maladies professionnelles

Remarque d’une intervenante de l’ANACT (agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) lors de la récente réunion branche au sujet de la sécurité au travail (18 octobre) : sur les dix dernières années, on note une baisse du nombre des accidents de travail, par contre les maladies professionnelles explosent. Travailler use, physiquement et mentalement, et ce, d’autant plus avec l’augmentation des cadences.
Une maladie peut être reconnue comme maladie professionnelle, et indemnisée alors comme telle, si elle figure sur l’un des tableaux annexés au code de la Sécurité Sociale. Ces tableaux (112 pour le régime général à ce jour) sont créés et modifiés par décret au fur et à mesure de l’évolution des techniques et des progrès des connaissances médicales.
La reconnaissance d’une maladie professionnelle donne droit à une obligation morale plus forte de reclassement et une obligation légale d’indemnisation plus forte en cas de licenciement. Elle présente aussi le déclenchement d’obligations de protections pour les salarié-e-s. Il s’agit d’une démarche éminemment préventive.

Enfin, moi, j’dis ça… j’dis rien…

Des Lieux Technique de Vie installés un peu partout, juste pour sécuriser les fonds, en attendant les départs naturels… En même temps, il faut être intelligent et capable d’évoluer…
Ainsi font, font, font les personnels du péage. Ainsi font, font, font, trois petits tours et puis s’en vont…

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Mais pourquoi les usager-e-s continuent-ils ou elles de s’engouffrer dans une voie spécialisée T ?
Parce que T ça veut dire ticket ;
Parce que j’ai pas vu ;
Parce que je me suis trompé ;
Parce qu’il n’y avait personne ;
Parce que ça marche ;
Parce que d’habitude j’ai le badge ;
Parce que c’est écrit sur la machine qu’elle prend les cartes et la monnaie ;
Parce que c’est la voie des Teletubbies ;
Because it’s T time.

   

Différons, différons…
Grâce aux performances du matériel automatique, il n’y a pas que le paiement qui est aujourd’hui différé, il y a l’attestation aussi !


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On peut estimer avoir bien négocié la NAO quand on regarde les augmentations dans les autres sociétés d’autoroutes, mais si on compare le niveau d’augmentation avec les bénéfices de l’entreprise, y a pas à dire, les organisations syndicales ne pèsent pas lourd face à la Direction.

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Question de point vue :
Quand Eiffage communique tout est beau, dans la presse tout n’est pas si rose…
Le centre hospitalier sud-francilien, c’est « l’expertise d’Eiffage dans la santé » (Synergie janvier 2011) mais aussi un hôpital public rendu volontairement et publiquement déficitaire avec un différentiel de coût de 500 millions d’euros au détriment du public (cf. « Histoire d’urgences », Patrick Pelloux, Charlie Hebdo n°1003). Avec une réduction des effectifs pour réduire les déficits à la clé !
Grand Stade de Lille (chantier phare d’Eiffage) : la toiture mobile bientôt en place (Synergie juillet 2011), mais un retard de livraison dû à des travaux supplémentaires rendus nécessaires suite à une requalification de la ville en zone à risques sismiques, que ni Eiffage, ni la communauté urbaine de Lille Métropole ne veut prendre en charge…

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L’Etat se désengage de la sécu et vend la santé aux mutuelles qui augmentent bien évidemment leurs tarifs.
+ 11,8 % en moyenne pour 2012 selon L’UFC Que Choisir.

Seriez-vous un bon manager ?
Une collègue de bureau fait un malaise, vous pensez :
a) Faut qu’elle arrête le sport à la pause de midi.
b) Oh, la pauvre, mais que lui arrive-t-il ?
c) Avec la tension qu’il y a dans le service on pouvait s’y attendre.
Un collègue est à l’arrêt depuis plusieurs mois suite à un accident de travail, vous vous dites :
a) Ça se voyait qu’il était dépressif avant son accident.
b) C’est bien malheureux ce qui lui est arrivé.
c) Ce n’est pas le premier incident qui se produit sur le centre…
Une collègue se fait insulter au péage, vous dites :
a) Elle n’est pas as sez accueillante.
b) Les clients sont d’un mal poli !
S’il y avait assez de personnel pour assurer le service clientèle, on n’en serait pas là.
Un maximum de réponses A : vous avez l’esprit d’entreprise.
Un maximum de réponses B : votre compassion vous rend sympathique.
Un maximum de réponses C : vous avez l’esprit SUD

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